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Titre :Enregistrement familial, un grand-père raconte ses souvenirs, les raisins, le miel, apiculture
Interprète(s) :M. Berthier
Genre :Enregistrement privé
Fichier audio :
Format :17 cm microsillon
Marque de fabrique, label :Pyral – SARC, enregistrements sonores, 31 boulevard de Port-Royal, Paris
État :Exc++
Vitesse (tours/minute) :45
Matériel employé au transfert :Garrard 401, SME 3012, pointe microsillon sur Stanton, Elberg MD12 : courbe flat, passe-bas 5kHz, Cedar X declick, decrackle, dehiss
Date du transfert :14-01-2014
Commentaires :Texte du contenu ci-joint. Souvenirs d'un agriculteur, en particulier son expérience en apiculture
Texte du contenu :Enregistrement familial

[Face 1]

Dehors ils ont passé la nuit
L'un contre l'autre ils ont dormi
La mer longtemps les a bercés
Et quand ils se sont éveillés
C'était comme s'ils venaient au monde
Dans le premier matin du monde
La mer sans arrêt
Roulait ses galets
Quand ils ont couru
Dans l'eau les pieds nus
À l'ombre des pins
Se sont pris la main
Et sans se défendre
Sont tombés dans l'eau
Comme deux oiseaux
Sous le baiser chaud de leurs bouches tendres
Et c'était comme si tout recommençait
La vie, l'espérance et la liberté
Avec le merveilleux
Le miraculeux
Voyage de l'amour (1)

- Est-ce que tu en bois plus beaucoup maintenant, de l'hydromel ?
- Oh ! j'en bois rarement
- Ah bon ? Pourtant, avant, tu buvais ça tout l' temps.
- J'aime mieux l'absinthe, l'absinthe maint'nant
- Ah bon ?
- Oh ! ben, oui
- Ah bon ?
- Oui
- Pourquoi ?
- C'est bon, j'aime bien ça, j'aime bien comme goût
- Eh ben là pourquoi qu' t'en bois pas un p'tit peu, ça t' f'rait pas d' mal
- Oh !
- Non ? ça t' dit plus rien ? t'as peur que ça t' fasse du mal ?
- Non, peut pas m' faire mal, ça, ça fait pas d' mal
- Non ! parce qu'en somme c'est tout d' même naturel, c' truc-là
- P't-être. Est-ce que t'en bois ?
- Non
- Eh ben alors ! hé ! qu'est-ce qu'on discute ? dis, hein !
- C'est naturel, parce que c'est toi qui le fais, tu sais comment c'est fait
- Oui ! oh ! mais ça !
- Tu sais comment il fait ça, toi ?
- Non, j'ai aucune idée, j'ai aucune idée d' comment ça...
- Ça, j'ai un bac, alors j'ai ...dans l' temps que j' tirais des gâteaux d' miel et des déchets puis j' mettais du miel ! mais j' mettais du... ah ! pour faire quarante litres tous les ans, un tonneau d' quarante litres, je mettais, moi, douze kilos d' miel
- Douze kilos d' miel ?
- Fermenté aux raisins, pas avec du ferment pharmaceutique, aux raisins !
- Mais l' raisin ?
- C'est plus naturel que... du raisin...
- De Corinthe !
- Du muscat ou n'importe quel raisin... qui ont du bouquet
- Hmm mmm
- Et c'est ça, c'est un tonneau assez rempli, à c'tte époque-ci, quand ça va...que l' raisin va être mûr et je le laisse jusqu'au mois de mai l'année prochaine.
- Ah ! ça fermente si longtemps ?
- Ah ! oui, ça fermente, ça r'jette et puis ça va s'éclaircir comme ça.
- Tout seul ?
- Oui
- ..?..là
- Alors, quand il est bien clair, ..?..., je l' mets en bouteille
- Sans collage, sans...
- Sans rien ! et puis y a un p'tit buffet pour l' goûter d'abord.quand j' mets mes bouteilles....on est... avec des copains qu'en prennent un coup
- Oui... parce que t'offre pas ça qu'à tes copains !
- Ben, y a des amis
- Voilà !
- Des types
- Eh oui
- Oui
- À ceux qui l’apprécient
- Oui, ceux qui l'aiment
- Et j'avais jamais bu mais enfin je...
- Tu vois, c'est pas désagréable
- C'est pas désagréable du tout
- Et c'est très sain
- Mais tu...
- J' comprends que ça doit...
- Mais tu n'y a pas encore goûté
- C'est naturel
- Si, j'ai bu
- Ah, bon ?
- Oui, ben, t'avais les .?. un peu en...?..
- Ça va
- Ça t' fait du bien, ça te nettoie la bouche
- C'est bon, c'est bon
- Oh ! oui, moi je pense que tu...
- C'est bon
- Oui, un p'tit comme ça, un p'tit verre à bordeaux une fois par jour, je pense pas que ça te f'rait mal. Au contraire, je pense que c' s'rait pas mauvais
- Mais j'ai jamais été un buveur
- Non. Hé, est-c' que tu as toujours des abeilles ?
- Oui
- Ah, bon ?
- Oui, j'en ai encore quatre ruches
- Ah, bon ? Cette année, ça a remué un peu ?
- Oh ! j'ai pas r'gardé
- Ah ! oui. Alors ?
- Je m'en désintéresse. Forcément faudrait qu' j'y r'garde quand même. Oh ! et l'hiver, elles supportent bien tout ça
- Tu peux plus t'occuper d' toutes ces choses-là
- Non, non
- Parce que ça demande quand même un certain soin
- Ah ! oui, faut s'en occuper, faut avoir...les t'nir au propre et..
- Il faut aussi les alimenter
- Les abeilles, y...
- L'hiver, t'es obligé d' les alimenter un peu
- Et puis c'est ..?..et puis ils ont..?.. manger ..?..
- Ah ! ils ont leur garde-manger ?
- Oui, puis jamais elles me piquent, jamais, jamais !
- Ils te connaissent, hein
- Jamais ! oui
- Sans prendre de protection, sans...
- Oh ! que si elles sortent en c' moment et qu'elle est directement ..?.. pour mettre dans la ...?... je mets à côté, là, comme ça
- Tu la poses
- Pose..?..une qui, qui... mais je la chasse !
- Ah ! oui, elles te connaissent bien, hein
- Et bizarrement j'ai des essaims là en face à une dizaine de mètres du rucher, eh ben, des fois y avait des groseilliers qu'étaient en face, là, .j' fais tout.un pied, mais j'avais installé ma toile, ma ruche, j'ai envoyé une poignée d'dans, une ruche qu'était amorcée, qu'y avait déjà eu des abeilles dedans, puis y avait des gâteaux, puis y avait tout c' qui fallait. J'ai envoyé une poignée comme ça, tout l' long d' l'entrée, j'ai envoyé...

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[Face 2]

- Elles avaient qu'à leur jeter une poignée de gros...
- Oh oui, j'ai j'té, j'ai j'té, j'ai j'té, envoyé des...
- Des groseilles
- À côté d'..?.., comme ça d'ssus
- Ah, oui ?
- ..?...j'avance près d' la ruche, tout l' monde, tout l' monde montait d'dans......et tout l' monde partait aux champs et j'étais assis, j' fumais ma cigarette, j' l'ai allumée su' ... à côté
- Pas une bougeait, pas venait te, t'embêter ?
- Pas une me piquait, hein
- C'est formidable, hein, c' que ça peut être intelligent, une abeille
- Et ça arrive à connaître alors, ah oui ?
- Oui, ça connaît
- Puis, trois jours après, l' troisième jour, ça ..?..., mais trois jours après, quand j'étais à la place où j' les ai amorcées, eh ben, les abeilles s'amènent et puis, puis ils m' suivent. Elles viennent toutes.
- Oh ! formidable, va.
- Oh ! mais y a rien d' plus intelligent qu'une abeille
- Faut pas faire ça, non plus. Ah ! faut pas s' débattre. Rester tranquille. L'abeille, y vous, vous r'père.
- Oui mais, si j'y allais moi, elles m'auraient...
- Ah ! ça n'est pas pareil
- Elles vont m' faire ma fête
- Ah ! là...
- ..?..., elles n'aiment pas tell'ment les femmes, les ch'veux, tout ça, les parfums
- Ah oui, ben, si j' s'coue même dans les ch'veux, elles partent, elles viennent deux, trois. puis ça s'arrête.
- ?
- ?
- .Au début.. j'avais une table d'installée près d' l'épicéa dans l' milieu, là
- Ah ! oui
- Ben moi, j' déf'sais tous mes cadres, puis j' les dépouillais, j'étais là, personne n'osait approcher, va. J'étais parmi là.. et puis des milliers !
- Qui v'naient manger ?
- Qui v'naient chercher des détritus, des gâteaux, et tout ça !
- Tu parles ! Ils avaient autre chose que s'occuper d' toi !
- Ils me piquaient pas, y avait rien pour... Voilà ! ça s'habitue, les bêtes
- Mais oui
- Et j' allais avoir une tenue ?
- Ah oui, aussi
- C'est eux qui vous ont ..?.. une tenue
- J'ai dit aux vendeurs qu' si ça convient pas, c'est pas la peine d'y aller. Ah ! les abeilles..
- Ils sont habitués à ton... à ta vue
- Les abeilles, vous savez, ça connaît..
- Ah! ça connaît
- Tout l' monde
- Ah ! oui, ça connaît bien. Ah ! ben, c'est très, très intelligent. C'est même surprenant, l'abeille, hein
- Oh ! oui
- Ça a un instinct terrible, ces p'tites bêtes-là
- Ah ! j'ai toujours estimé ces bêtes-là
- Oh ! oui, oh ! oui, oh ! ben j' comprends
- Même du temps où j' prenais du ...?...
- Oh ! oui
- Oh ! oui
- Ah! ben, j' pense qu'on les faisait mourir, nous, pour en avoir le miel, on les empoisonnait au soufre
- Ben oui, parce qu'on n' savait pas !
- Eh non ! on ignorait tout dans c' temps-là ! C' qu'on pouvait avoir du ret..
- Maint'nant... m'en occuper
- Y a soixante ans, on avait un retard considérable, On était bête dans c' temps-là, mon Dieu, qu'on était bête dans c' temps-là !
- Maint'nant, j'ai des ruches à cadres, j'ai des cadres. Quand mes cadre sont pleins, hein, eh ben, j'ouvre le haut, j' les enfume un peu pour qu'ils descendent. Quand ils sont bien descendus dans l' corps de ruche, j'attrape ma hausse, j' les aspire, je r'mets ma ..?... dessus. C'tte époque-ci, c'est tout, vers le... du quinze au premier août
- Ah ! oui
- Après ça, les laisser tranquilles, qu'ils ramassent de quoi vivre pour passer l'hiver
- Ah ! oui, du quinze juillet au premier août
- Oui
- Eh ben, mon ami !
- J'esquintais pas mes abeilles, j'en tuais pas du tout
- Non, t'en perdais pas du tout
- Non
- Y a qu' les vagabondes qui, les vagabondes qui foutent le camp quand ils... c'est l' moment d'essaimer là
- Ah ben, quand ils essaiment, ça .... ?.... C'est naturel chez eux, ça
- Y en a des vagabondes qui foutent le camp !
- Ah ! oui, ils vont pas loin. Quand ils essaiment, ils s'en vont à une dizaine de mètres, quinze mètres du rucher qu'ils peuvent s'accrocher
- Dans un arbre
- Dans un arbre, dans un tronc d'arbre et à c' moment-là, tu les cueilles en grappe et puis tu les ramassait, tu mettais dans une ruche, tu mettais en place le soir ou l' lend'main.
- Quand on a été seuls avec maman, il nous en restait, des abeilles
- Ah ! oui
- Eh ben, j'aurais voulu qu' tu voyes comment qu'on s'habillait quand on était pour ramasser les essaims.
- Tiens donc
- On avait ce fameux casque, tu sais, cette grille
- Ah ! oui, ah ! oui, oui
- Hé, hé ! t'aurais juré, tu sais , j' sais pas quoi, moi, comme aux temps préhistoriques, tu sais
- On n'était pas organisés
- On ...?... un culotte à la bourre, tu sais, ces vieux pantalons qui restaient à traîner chez nous, je m’emmanchais là d'dans, j' me fic'lais le bas de mon pantalon, je m'env'loppais la tête par-dessus l' grillage et, tu sais, et les bras fic'lés et tout, et les mains gantées et puis alors fallait voir dans quelle situation je m' trouvais au moment d'aller chercher un essaim. Et avec le trac ! J'allais les chercher mais avec le trac.
- Ben oui
- Tu penses !
- Ah ! non, parce qu'on n'était pas organisés
- Ah! non, on n'était pas organisés
- On n' savait pas. On voulait faire du miel, on esquintait une ruche
- Le soir, à la tombée d' la nuit, on les soufrait, là on les mettait sur une machine, on les...
- .Prenez-en un coup
- Et on les soufrait
- Ben oui
- Oh ! ben, il en a bien assez aussi, lui
- Oh !

Redis-moi Mallory
La chanson que tu me chantais
La chanson de l'été
Dans le bleu du ciel irlandais
Tu n'avais que seize ans
Moi, j'étais encore une enfant
Et la nuit qui venait
Nous avait pris pour des amants (2)

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(1) Jean Ferrat : Deux enfants au soleil
(2) Les Compagnons de la Chanson/Le chant de Mallory





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