On trouvera ci-dessous le texte de la version chantée par bravo, suivi de celui de la partition.
L'enregistrement, par Bravo :
Chers parents, j'ose me permettre
Profitant d'un moment d' repos
De vous adresser une lettre
Que j' mouille de pleurs et de sanglots
D'puis un an que j' suis militaire
V'là six mois que j' suis au Tonkin
Un pays où l'on s'amuse guère
Et qui m' fait r'gretter mon pat'lin
On marche des journées entières
Sans manger, sans boire ni dormir
On traverse les plaines, les rivières
J'ai l' dessous des pieds comme du cuir
L'autre jour, c'est le pire d' ma déveine
J' suis tell'ment fort qu'en éternuant
J'ai renversé l' sergent d' semaine
J' l'ai fait tomber mort subit'ment
On l'a m'né d' suite à l'infirm'rie
Et le major qu'est un roublard
D' son corps a fait l'ostocopsie
Malheureus'ment c'était trop tard
Pour homicide par imprudence
Au conseil de guerre j'ai passé
Et l' colon, voyez mon peu d' chance
À mort c' matin m'a condamné
Ça y est, j' vais lâcher ma gamelle
Je n' vous voirai plus, chers parents
Je m'en vais vider ma poubelle
Pensez à moi de temps en temps
Voici le sergent qui s'approche
Il vient de me bander les yeux
Je n'ai plus de sang dans ma poche
Recevez mes derniers adieux
Mais c'est fini, faut que j' m'arrête
Je viens de r'cevoir d'un seul coup
Une balle dans l' ventre, six dans la tête
Et je n' peux plus tenir debout
C'est fini, j'ai cessé de vivre
Mon sang coule de tous côtés
Au papier avec peine je livre
La dernière de mes volontés
Envoyez donc vite, je vous prie
Quelques écus à mon sergent
À seule fin que ma compagnie
M' fasse enterrer conv'nablement
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La partition :
Chers parents, j’ose me permettre
Profitant d’un moment d’repos
De vous adresser cette lettre
Que j’mouille de pleurs et de sanglots
Depuis un an, j’suis militaire
V’là six mois que j’suis au Tonkin
Un pays, où l’on n’s’amuse guère
Et, qui m’fait r’gretter mon patelin !
On marche des journées entières
Sans manger, sans boire, sans dormir
On traverse des plaines, des rivières
J’ai l’dessous des pieds comme du cuir !
L’autre jour, c’est l’pire de ma déveine
J’suis tellement fort qu’en éternuant
J’ai renversé l’sergent d’semaine
Il est tombé mort subitement
On l’a m’né d’suite à l’infirmerie
Et le major qu’est un roublard
D’son corps a fait l’autocopsie
Malheureusement c’était trop tard
Pour homicide par imprudence
Au conseil de guerre j’ai passé
Et l’colon, voyez mon peu d’chance
À mort, c’matin m’a condamné
Ça y est, j’vais lâcher ma gamelle
Je n’vous voirai plus, chers parents
Ah ! plaignez ma fin si cruelle
Pensez à moi de temps en temps !
Voici le sergent qui s’approche
Il vient de me bander les yeux
Je n’ai plus de sang dans ma poche
Recevez mes derniers adieux
Mais c’est fini, faut que j’m’arrête
Je viens de r’cevoir d’un seul coup
Une balle dans l’ventre, six dans la tête
Et je n’peux plus me tenir debout
C’est fini, j’ai cessé de vivre
Mon sang coule de tous côtés
Au papier avec peine je livre
La dernière de mes volontés :
Envoyez vite, je vous prie
Quelques écus à mon sergent
À seule fin que ma compagnie
M’fasse enterrer convenablement !...
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note : Carotte = escroquerie, duperie, tromperie, filouterie.