Éditeur : Georges Krier, Paris
Sacré bon Dieu, v'là qu' c'est qu'on va avoir la guerre !
On va s' tuer à coups d' fusils et à coups d' canons
On va prendre les fils d'à leur mère
Et les fiancés aux pauvres Jeanneton
Chacun s'en va verser des larmes
En voyant partir tous les siens
Au lieu d' prendre la charrue, on va prendre les armes
Sacré bon Dieu, v'là les Prussiens !
Tous les riches, i's vont faire leurs bagages
C'est là qu'on voit ceux qu'aiment ben l' drapiau
Ainsi, c'ti-là qu'avait si biau langage
Qui disait toujours : Je m' f'rai trouer la piau
Pou' la France, soyons énergiques
Aux frontières, courons, citoyens
Il y est parti, li, mais en Belgique !
Sacré bon Dieu, v'là les Prussiens !
Et ces beaux messieurs-là, quoi qu' c'est qu'i's conspirent ?
Ça, c'est la haute noblesse qui voudrait
Profiter d' la guerre pour remonter l'Empire
I's sont d'abord nobles avant d'être Français
Leur ennemi à eux, c'est la République
N'importe qu'on soit massacrés comme des chiens
Pourvu qu' du roi on rouvre la boutique
Chouette ! entrez, messieurs les Prussiens...
Pour la guerre, en avant la marmaille !
Fils de paysans et fils de purotins
Au lieu d'avoir du blé, v'là d' la mitraille
Pourquoi qu'è' s' fait tuer ? on n'en sait rin !
Ça fait rin ! allez, les moutons ! allez, qu'on vous saigne !
Vos bourreaux sont à l'abri des biscayens
C'est dans votre sang que leur gloire se baigne
V'là les Prussiens
Mais les Prussiens laisseront là-bas leurs pères et mères
Mais les Prussiens laisseront leurs fiancées
Mais les Prussiens supporteront comme nous la dure misère
La guerre, personne ne veut la r'commencer
Ce sont nos dirigeants qui sont les seuls coupables
Ce sont nos bergers qui ne valent rien
Mais faudra rendre des comptes, messieurs les responsables
Aussi ben chez nous qu' chez les Prussiens !
Tremblez, tremblez, vous les grands de la terre
Un jour viendra, un jour qui sera triomphant
Où, debout, dans une sainte colère
Les mères viendront elles-mêmes pour venger leurs enfants !